Rugby : Comment Jaime Nava, ex-joueur de Pro D2, se retrouve-t-il en plein « rêve d’enfant » dans « La Casa de Papel » ?

De 2011 à 2017, Jaime Nava a enchaîné les expériences dans les championnats de France de rugby, de la Fédérale 1 à la Pro D2 avec Saint-Etienne, Bourg-en-Bresse, Périgueux et Dijon.Marqué par le match « honteux » de qualification pour le Mondial 2019 entre la Belgique et l’Espagne, l’ancien capitaine de la sélection ibérique a alors préparé une étonnante reconversion de comédien.A 38 ans, Jaime Nava incarne désormais le rôle de Canizo dans la saison 5 de La Casa de Papel, dont les cinq premiers épisodes viennent d’être mis en ligne sur Netflix.

Le 3 septembre, le téléphone de Jaime Nava s’est mis à « sonner dans tous les sens ». Rugbyman professionnel durant six saisons en Pro D2 et en Fédérale 1 française, ce Madrilène a pourtant pris sa retraite sportive en 2019. A 38 ans, celui-ci incarne par contre un rôle secondaire dans trois des cinq épisodes de la dernière saison de La Casa de Papel. Autant dire que parmi les joueurs, dirigeants et supporteurs du CA Saint-Etienne, de l’Union sportive bressane Pays de l’Ain (USBPA), du CA Périgueux et du Stade Dijonnais Côte d’or, tous les clubs où a évolué Jaime Nava de 2011 à 2017, beaucoup de monde hallucine depuis une vingtaine de jours en regardant l’un des programmes les plus populaires de Netflix.

« De ma période à Bourg-en-Bresse, où nous avons été champions de France de Fédérale 1 en 2013, ça m’a permis de reprendre contact avec Vincent Giacoletto, Christopher Poulain, Jean-François Martinez, et même des coéquipiers dont je ne me rappelais plus, sourit Jaime Nava. C’est incroyable, tous se sont dit : “Ce mec qui interprète Canizo, je suis certain qu’on a joué ensemble”. » L’USBPA et son ancien joueur se sont d’ailleurs depuis envoyé « de très forts câlins » sur les réseaux sociaux.

Il était « secrètement » le comédien de la famille

Si la présence de l’ancien troisième ligne centre dans la série vedette espagnole est « inattendue », comme le reconnaît l’intéressé, elle ne tombe pas du ciel. « Depuis toujours, je suis un amateur de culture, confie Jaime Nava, qui se souvient avoir été bercé par ses parents dans l’univers du music-hall. C’est comme un rêve d’enfant car je faisais un peu de théâtre à l’école quand j’étais petit. J’avais beau être un gamin plutôt timide, j’étais secrètement le comédien de la famille, en faisant beaucoup d’imitations, de blagues et de chansons. »

Puis le ballon ovale est entré dans sa vie à l’adolescence et il ne s’est « focalisé » que sur cette « passion » durant une quinzaine d’années, partagées entre ses clubs et la sélection espagnole (78 capes), dont il a même été le capitaine. Avec un tournant le 18 mars 2018 et un match à enjeu à Bruxelles : en cas de succès contre la Belgique, sa sélection se qualifierait pour la Coupe du monde 2019 au Japon, 20 ans après sa seule participation au tournoi référence.

L’absence du Mondial 2019, « un coup très dur »

« Ça aurait dû être un jour historique pour le rugby espagnol, notre rêve était sur le point de se réaliser, se souvient Jaime Nava. Grâce à nous, la société espagnole commençait enfin à parler de rugby. C’était énorme pour moi, car en tant que capitaine, j’avais vraiment vécu beaucoup d’années de merde ! Puis il y a eu cette histoire bizarre et même violente en Belgique. Dans le rugby, on n’aime pas parler de l’arbitrage, mais je n’arriverai jamais à comprendre ce qui a pu se passer ce jour-là. C’était un peu la honte pour le rugby et ses valeurs. »

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Battue (18-10) dans cette rencontre décisive, dirigée par un arbitre roumain… alors qu’une défaite espagnole qualifiait la Roumanie, l’Espagne a finalement été disqualifiée de la course au Mondial par la fédération internationale pour avoir fait appel à « des joueurs non éligibles ». « Au niveau psychologique, ça a été un coup très dur pour moi et ça a un peu précipité la fin de ma carrière », soupire Jaime Nava. Mais cette claque a quelque part eu le mérite de précipiter sa reconversion, après une ultime saison en 2018-2019 dans le championnat espagnol.

Etre capitaine de l’équipe nationale m’a donné pas mal de visibilité. Dès 2018, avec cette histoire vécue en Belgique, j’ai été contacté pour participer au programme télé MasterChef. J’ai été éliminé à la moitié de l’émission car je n’étais pas très bon en cuisine (sourire). Mais ça a déclenché quelque chose en moi, et c’est comme ça que j’ai très rapidement eu l’opportunité de commencer dans la fiction. »

« Une opportunité incroyable » juste après « La Unida »

Après avoir suivi une formation de 18 mois dans une école d’acteur à Madrid et pris part à quelques courts-métrages, il est informé par son agent d’un casting pour une série télévisée espagnole. Bingo, voilà déjà notre solide gaillard d’1,91 m et 105 kg dans un rôle de chef de la police pour deux épisodes de La Unida, diffusée en France via Amazon Prime. L’an passé, sa bonne étoile est de retour à la suite d’un casting a priori non concluant pour une série d’ Alejandro Amenabar.

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Car cet essai débouche de façon improbable sur ce fameux rôle de Canizo dans La Casa de Papel. « J’ai tout de suite compris que ça serait une opportunité incroyable, même sans connaître l’importance exacte de ce personnage », explique-t-il. En août 2020, Jaime Nava attaque donc une quinzaine de jours de tournage, et il se retrouve à l’écran durant quelques secondes de l’une des séries les plus regardées au monde, en attendant la suite.

« Je me demandais si je serais crédible dans une telle série »

« Je n’ai encore rien pu voir de la fin de la série mais normalement, mon rôle de militaire doit s’agrandir un peu dans les cinq prochains épisodes qui sortiront en décembre, indique-t-il. Je suis conscient que mes premiers pas dans la fiction sont surtout liés à mon gabarit et ma présence physique. » Jaime Nava dresse spontanément un parallèle entre le monde de la fiction et celui du sport professionnel, surtout sur la dimension de « travail d’équipe ». Non sans avoir de nombreuses questions qui accompagnent son « changement de carrière ». « Plus la diffusion des épisodes approchait et plus je me mettais à douter, raconte-t-il. Je me demandais si j’allais vraiment apparaître dans une telle série et si j’y serais crédible. » S’il n’a jamais croisé sur le tournage El Profesor ou Tokyo, il estime avoir « beaucoup appris » auprès d’acteurs qui sont « des monstres » comme Fernando Callo, interprète du colonel Tamayo, ou l’ancien boxeur professionnel Hovik Keuchkerian, alias Bogota.

« Le rugby fait toujours partie de ma vie », rappelle celui qui tient à appuyer jusqu’en Espagne l’association Colosse aux pieds d’argile de Sébastien Boueilh, engagée dans la lutte contre les violences sexuelles en milieu sportif. Ce fervent supporteur de l’Atlético de Madrid songe à une comparaison pour évoquer sa chance de néocomédien : « Se trouver déjà dans un projet comme La Casa de Papel, c’est comme arriver au Stade Toulousain à l’âge de 20 ans. Soit tu saisis cette opportunité, soit tu la laisses filer ». A voir comment il a géré la suite du fiasco de Bruxelles en 2018, on ne s’inquiète pas trop de l’après-Casa de Papel pour Jaime Nava.

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